À vrai dire, je commence tout juste à être capable de mettre des mots sur notre retour de voyage.


Pour être capable de le faire, je suis allée chercher l’état dans lequel nous étions au début de notre aventure.


Nous avions lâché prise sur tout l’aspect matériel en se départant de nos biens matériaux. ( maison, meubles, outils, vêtements, autos, etc),

Nous avions lâché prise sur les rencontres familiales ( ne pas voir nos enfants et petits-enfants pour 2 ans), être loins de nos frères et soeurs;

Nous avions lâché prise sur l’aspect social de notre vie ( amis, sport d’équipe, cours, conférences).

Nous avions lâché prise sur notre nouvel engagement comme accompagnateurs de voyage;


Au fur et à mesure qu’on se détachait, on sentait monté en nous une légèreté et une liberté jamais ressentis auparavant. On vivait des deuils au quotidien, par choix. Certains détachements étaient plus douloureux que d’autres.


Nous étions dans le moment présent et nous étions les auteurs de notre nouvelle vie qui s’amorçait. Ce grand bouleversement nous donnait des ailes. Pas une seule journée de ce périple nous a fait douté de notre choix de vie. Souvent, on se disait que le retour nous faisait peur et nous avions le goût de poursuivre cette vie au delà des échéanciers.


Parachutés au Québec, jamais aurions-nous imaginer ce retour parallèlement si confrontant et si réconfortant .


D’abord, le réconfort de retrouver ceux qu’on aime. Le réconfort de savoir que nous avons un toit. Le réconfort d’être dans son pays en ce temps de pandémie. Le réconfort de connaître son milieu de vie.


En même temps, un retour si abrupte nous plonge dans un deuil immense. Perte de liberté, perte d’un rêve, perte d’un projet d’une vie.

On sait que nous n’aurons probablement pas le courage de repartir à nouveau, où à tout le moins pas de la même façon. Il en a fallu du courage pour se rendre jusque là. Jamais nous n’avions réalisé l’ampleur de notre détermination. Un coup de poing à la poitrine ne nous ferait pas plus mal.


Nous sommes en période de résilience. Nous prenons les moyens pour rebondir. Le douceur de vivre temporairement avec notre fils et petit-fils sous le même toit, le bonheur d’avoir la visite ( en respectant la distanciation) de mes 3 autres petits-fils avec notre fils et notre belle-fille. Le soutien qu’on apporte à un être aimé souffrant du cancer. Ces gestes donnent un sens à notre continuité.


Il y aura certainement d’autres projets à venir. Disons que nous sommes en période de jachère et qu’à l’automne, un sol fertile sera peut-être à notre portée pour une nouvelle culture d’idées.


Merci et à bientôt.

Johanne et Daniel