Quand j’étais enfant, j’aimais aller m’acheter des bonbons au dépanneur Châteauvert. Une fois la porte franchie, c’était la caverne d’Alibaba. Dans mes souvenirs, il y avait un comptoir en forme de L qui exposait tous les bonbons du monde. On pouvait les choisir à l’unité. Mes préférés: les boules noires. 3 boules pour 1 cent.


Il y avait aussi les feuilles vertes, la réglisse noire qu’on appelait affectueusement la petite négresse ( autre temps autre moeurs, n’est-ce pas Justin?) et rouge, les paquets de cigarette Popeye, les fraises, les bananes, les pailles de Kool Aid. Les colliers colorés avec un petit goût surette. Les pintes de lait.


Ce que j’aimais le plus: les sacs à surprise. J’étais toujours fébrile de découvrir ce qu’il y avait dedans. Je prenais mon temps. Je fermais les yeux et je choisissais le premier bonbon. Je le dégustais. Je recommençais. J’en prenais un autre. Des fois, il y avait des bonbons que je n’aimais pas, c’était rare. Je ne suis pas dessert, mais les bonbons, c’est ma faiblesse.


Chaque rencontre est un sac à surprises. Nous avons rencontré Brock, pèlerin ottavien. Habité par une grande paix intérieure et d’une belle spiritualité, il marche. ( entre autres: 8 fois Compostelle par différentes routes). Il nous raconte qu’à 17 ans, il est parti seul à la découverte du monde. Le Moyen-Orient, rien de moins. Aujourd’hui, dans la soixantaine, il parcourt les chemins qui l’interpellent. Il vient de vivre 7 mois en Inde avec son plus jeune fils de 38 ans.


Je dois dire qu’il est assez rare de rencontrer une personne d’une telle force spirituelle. Tout en jasant, il nous a demandé: et vos enfants? Ils ne vous manquent pas? Je lui ai dit qu’on les aimait à distance. Sa réponse: L’absence est dans la présence et la présence est dans l’absence.


Et que dire de notre rencontre avec un réfugié du Soudan que nous avons rencontré chez un couple d’échange maison en Angleterre. Il a d’abord demandé l’asile politique en France. Mais après 2 ans d’attente, le dossier n’avançait pas. Sa prof de français qui le trouvait exceptionnellement intelligent a contacté cette dame de Londres pour lui demander si elle accepterait de devenir sa famille d’accueil en Angleterre. Donc, depuis 7 mois, il est en attente d’une réponse. Pendant ce temps, il a appris à parler français, anglais, il est entrain d’écrire un livre et fait beaucoup de courses à pied pour garder sa tête en bonne santé mentale. Ce qu’il nous a dit: en quittant votre pays pour deux ans, vous saviez que vous alliez retrouver vos enfants, amis. Quand j’ai quitté mon pays, je savais que c’était la dernière fois que je voyais ma mère, mon père, frères, soeurs, amis. Une réalité qui fait mal en titi.


Au Portugal, lors de notre visite au vignoble, nous avons échangé avec trois amies d’enfance vivant sur l’île Maurice. Notre projet était spéciale à leurs yeux. En deux temps trois mouvements, voilà qu’une d’entre elles nous donne sa carte d’affaire et son numéro de téléphone personnel et nous invite à la visiter si nous passons par l’île Maurice. La confiance et la générosité est un mélange heureux qui donnent des ailes à qui veut bien l’offrir et l’accepter.


Un fermier, dans le nord du Portugal, dans la région de Valença, nous aperçoit de loin. Il tente par tous les moyens de nous faire signe de nous arrêter. Il faut dire qu’il conduit un tracteur. Nous sommes sur une piste de campagne. On ne comprend pas trop pourquoi il gesticule, il crie, il klaxonne. On s’arrête. Il pointe le doigt vers le drapeau canadien accroché sur notre vélo. Il est heureux de nous dire dans un anglais approximatif qu’il a travaillé à Elliot Lake. Il a construit des maisons là-bas. Il a bien aimé notre pays. Il propose le gîte et le couvert pour du travail à la ferme. Pris dans notre désir de l’aventure, on décline l’offre.


Ce qu’on trouve dans un sac à surprises de voyage est très précieux. C’est souvent des moments qui resteront à jamais encrés dans nos mémoires.


Je suis certaine qu’il y en beaucoup d’autres qui nous attendent.


En ce moment, nous sommes installés sur le bord de la piscine de l’appartement que nous avons loué pour 4 jours. Nous sommes à Lagos, une ville de l'Algarve, Elle est connue pour sa vieille ville fortifiée, ses falaises et ses plages sur l'océan Atlantique.

Le soleil est chaud, chaud, chaud. Les nuits sont fraîches. On dort bien. Il est où le bonheur, il est où?